— Les principes didactiques

/L'Intercompréhension/

 

 

1. Nous ne parlons pas la même langue... 4 possibilités pour échanger

2. Les compétences

3. Le contrat 

4. La compréhension des textes écrits

5. Les textes

6. La transparence

7. Le continum

8. L'esprit de débrouillardise

9. Le transfert

10. L'approximation

11. Les résultats 

 

1. Nous ne parlons pas la même langue... 4 possibilités pour échanger

Deux interlocuteurs qui s’expriment dans des langues différentes ont le choix entre quatre possibilités :

  • chacun s’exprime dans sa langue, ne comprend pas celle de l’autre : incompréhension = appel onéreux à un interprète ; 
  • l’un des interlocuteurs emploie la langue de l’autre = déséquilibre, difficulté et fatigue concentrées d’un seul côté ; 
  • chacun abandonne sa langue et recourt à une langue qu’il connait souvent mal (anglais, esperanto,...) = utilisation d’une langue appauvrie, perte des nuances et souvent de la précision ; 
  • chacun reste dans sa langue et a appris à COMPRENDRE celle de l’autre = échange égalitaire, respect des langues (nuances, précision) et des cultures.

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 2. Les compétences

La connaissance des langues recouvre plusieurs compétences :  

  • la compréhension,   
- de l’écrit : je comprends ce que je lis 
de l’oral : je comprends ce que j’entends 

 

  •  la production,
- de l’écrit : je rédige en langue étrangère
- de l’oral : je parle dans une langue étrangère.

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3. Le contrat

Il ne s’agit pas d’une méthode pour apprendre les langues, ce qui supposerait de travailler, comme le fait l’enseignement traditionnel, sur les quatre compétences. Il s’agit de permettre de les comprendre d’en saisir le sens, et, dans l’état actuel des recherches, de les comprendre à l’écrit.

Les expériences menées dans les pays de langues romanes avec des non linguistes montrent qu’en 30 à 50 heures ce résultat est atteint et qu’il développe l’envie d’en savoir plus. On apprend à apprendre et on développe une nette motivation pour les langues étrangères.

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4. La compréhension des textes écrits

De ces quatre compétences, la plus facile à acquérir est celle de la compréhension écrite,

  • parce qu’on a tout son temps pour découvrir le texte ; 
  • parce que la saisie du texte dans son entier permet de deviner les passages au premier abord obscurs (on peut revenir en arrière) ;
  • parce qu’on n’a pas besoin de connaître la grammaire ; elle est mise en pratique ; le seul objectif est de percevoir le sens global du texte ;  
  • parce qu’on n'est pas gêné, comme à l’oral, par le défilement continu du discours, par le découpage des mots, par les syllabes absorbées, par les différents débits et accents.

Puisque la compétence de compréhension des textes écrits est la plus facile à acquérir, c’est par elle et par elle uniquement qu’il convient de commencer.

L’expérience a prouvé que l’on gagne ainsi beaucoup de temps et qu’ultérieurement l’acquisition des autres compétences est facilitée.

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5. Les textes

On commence généralement, pour des publics non spécialisés, par des textes de presse authentiques courts et traitant de sujets globalement partagés tels que l’écologie, la santé, des découvertes présentées au grand public ou des faits divers.

La connaissance globale du thème traité aide grandement le lecteur à se repérer dans le texte. Ce qui explique que dans des domaines spécifiques, là où les lecteurs connaissent bien le sujet traité, cette méthode soit particulièrement efficace.

Le contexte permet toujours de mieux comprendre le texte.

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6. La transparence

Dans toute famille de langues, la transparence est abondamment répandue et touche tous les domaines de la langue : le lexique, la syntaxe, la construction de la phrase et des idées.

Ceci se vérifie évidemment aussi pour les langues romanes : par exemple, 70 % du vocabulaire a la même origine. Ou bien les mots sont immédiatement transparents, ou bien on découvre rapidement quelques règles simples d’équivalence dans la composition des mots ; il s’agit de variations normées (PT : ao : ES : ión : IT : ione : FR : ion). Le meilleur moyen de décourager le débutant d'entrée de jeu, c'est d'insister tout de suite sur les faux amis (qui existent bien sûr, mais en petit nombre) !

Voici un exemple de la transparence de mots composés avec les mêmes suffixes :

La syntaxe est dans l’ensemble la même, l’ordre canonique étant sujet, verbe, complément.

Les sujets abordés, les façons de penser, la rhétorique sont communs aux langues romanes qui adoptent fréquemment la même approche culturelle.

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7. Le continuum

Les langues ne sont pas des continents séparés que rien ne relie entre elles. Dans une même famille de langues, on passe de l’une à l’autre de la même façon que changent, selon la lumière, les couleurs sur une même étoffe. Tout ce que l’on sait de l’une aide fortement à comprendre les autres et c’est pourquoi il est plus efficace de les aborder en bouquet. Un Français du Sud-Ouest sera attiré par l’occitan, le catalan, l’espagnol, le portugais et il les découvrira plus aisément en travaillant sur l’ensemble de ce bouquet.

Le découpage en disciplines nettement séparées (italien, espagnol, portugais, roumain, ...) abordées par des enseignants différents, qui travaillent dans des horaires fixes et n’établissent souvent aucun rapport entre les langues qu’ils enseignent, a fait perdre  l’évidence de ce continuum qui existe entre les langues d’une même famille. Il faut décloisonner les langues et décloisonner leur approche.

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8. L'esprit de débrouillardise

Lorsqu’on aborde un texte en langue étrangère, il est conseillé de s’accrocher à tout ce qui est compréhensible : les noms propres et noms de lieu, les chiffres et les dates, les termes techniques et les mots transparents.

Ensuite faire des hypothèses, utiliser sa connaissance du sujet, prédire, deviner, déduire.

Peu à peu le sens s’éclaire.

Le plaisir éprouvé lors de ce dévoilement progressif du sens est comparable à celui éprouvé par les amateurs de mots croisés.

Mais au lieu de s’arrêter à l’amour des mots, il développe l’amour des langues.

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9. Le transfert

 Il est bien connu que les bilingues apprennent plus rapidement et plus facilement que les autres une 3°, une 4°, une 5° langue.

 Pourquoi ?

  • Parce qu’ils transfèrent les acquis des langues déjà connues sur les langues nouvelles qu’ils découvrent ; 
  • parce qu’ils ont intégré des mécanismes d’approche du sens qui leur servent face à des langues encore inconnues.

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10. L'approximation

Dans un premier temps, on cherche à saisir le sens global des textes.

Quand un mot est obscur, on le remplace par un mot vide ("machin", "truc"...) et on avance.

Quand une phrase est longue, on cherche à mettre entre parenthèses tout ce qui ne semble pas essentiel, puis on revient éventuellement, séquence par séquence sur ce qui pose problème.

Lorsque l’on suit une formation, l’approche du sens devient de plus en plus fine.

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11. Les résultats

Pratiquer l’intercompréhension entraîne une attitude d’ouverture, de curiosité vis-à-vis des langues étrangères. Elle amène à ne plus avoir peur des langues. Le premier résultat est de désinhiber les gens.

Pour ceux dont le métier les amène à lire la presse étrangère ou des ouvrages non traduits, elle leur permet d’accroître le champ de leurs connaissances.

L’intercompréhension permet à chacun de découvrir ses capacités plurilingues et de les exploiter.

L’intercompréhension donne le goût de s’intéresser aux langues. Et aussi à sa propre langue, à la lumière des ressemblances et des variations que l'on constate entre elle et les autres langues.

L’intercompréhension motive ceux qui la pratiquent à aller plus loin dans une ou plusieurs langue(s) de leur choix, à sortir du contrat initial pour en apprendre complètement une ou plusieurs.

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